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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/82

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la fortune de m. fouque

— À table, mes enfants, je meurs de faim, s’écria le maître de la maison.

Après le dîner, il offrit un cigare au jeune homme, puis, sous prétexte de faciliter sa digestion, il sortit. En réalité, il voulait montrer à son rival la confiance que sa femme lui inspirait.

Julie resta seule avec Ferrand. La lampe de la suspension les réunissait tous deux dans une lumière intime. Mme Fouque rayait machinalement la nappe du bout de sa cuiller. Son compagnon tirait de grosses bouffées bleues qui se précipitaient sous l’abat-jour, formaient un nuage opaque et montaient le long du verre.

Ils n’éprouvaient aucun embarras. La fantaisie qui les avait entraînés l’un vers l’autre s’était évanouie. Plus rien ne survivait en eux, ni les souvenirs physiques qui troublent la chair, ni les souvenirs du cœur qui amollissent et font trembler la voix. Lui, se dit simplement qu’elle avait épaissi. Elle, ne pensa même pas à l’examiner.

Ils effleurèrent quelques sujets, puis se rappelant mutuellement leurs goûts intellectuels, ils abordèrent la littérature. Ils en parlèrent