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courante de deux êtres dont l’un vend à l’autre son petit fonds de volupté.

— Bah ! pensa-t-il, quand j’ai mon parapluie et qu’il pleut, je l’ouvre. N’épiloguons pas davantage avec cet autre genre d’instrument que ma sécurité suscite.

Il déploya des manières aimables.

— Ma chère Élisabeth, nous avons signé un bail de temps indéterminé, le hasard exige que nous ne nous quittions pour ainsi dire pas d’une minute ; je suis très disposé à un bon accord, j’espère que vous y mettrez du vôtre.

Afin de diminuer l’espace qui sépare deux inconnus, il lui demanda son histoire. Elle lui en servit une fort dramatique, mais le lendemain elle la contredisait par des faits si opposés, que Marc préféra s’en tenir au jugement qu’il avait émis sur elle sans données aucunes. Pour lui, ce fut toujours, à cause de sa grande facilité d’élocution, une ancienne institutrice. Et il la traita comme telle.

La brèche périlleuse se boucha et, parmi les créneaux de son enceinte, Marc se sentit plus en sûreté encore, car immuablement, Élisabeth, sentinelle involontaire, veillait. Très casanière, elle sortait à peine. Et cette présence continue dans son appartement en réconfortait l’atmosphère morale. L’impression se maintenait si douce et si tiède que Marc brava la solitude des promenades hygiéniques. De fait, durant ces exercices, il ne pensait pas davantage.

Frédéric, libéré de son emploi, était le commensal de la maison. Marc le trouvait à son retour et l’on ne se quittait plus. Ainsi, l’existence se modifiait. Les soirs de débauche ne revenaient