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un peu peur. Les paysages familiers, champs, source ou collines, le mettaient mal à l’aise, comme des figures sévères. Mais une remarque l’allégea : tous ces témoins ne lui parlaient que de son voyage dans la vallée. Ce petit bois disait la halte interminable où il avait roulé stupidement d’une hypothèse à l’autre. À ce tournant de route, il baissait la tête, car le toit pointait déjà. Quant au crime, nul souvenir n’en tressaillait.

Hardiment, Hélienne se dressa. Il vit la maison.

— C’est là qu’il habite, le mauvais souvenir et non ailleurs ; là seulement il faudra se mesurer avec lui. Ai-je raison de l’affronter ?

Il était trop tard. Mélanie, prévenue le matin, l’attendait. Il lui déclara :

— Ma bonne Mélanie, je suis ici pour une huitaine, je veux que personne ne me dérange, et je vous prierai de ne pas entretenir mon chagrin en causant de mon père.

Elle poussa la barrière du jardin. À quelques pas, Marc avisa la plate-bande où son père bêchait, lorsque l’apercevant du haut de la fenêtre, il conçut l’idée première du crime. Vivement il s’éloigna. Au bout de l’allée, la vieille maison s’élevait. Malgré tout, il la jugea charmante, fleurie de roses aventureuses et blanche de soleil. Le joli asile de repos et de convalescence !

Mélanie ouvrit la porte et, sur l’ordre d’Hélienne, se retira. Lui, après une seconde d’hésitation, franchit le seuil. Une fraîcheur soudaine lui glaça les épaules comme un froid de sépulcre.

Cette multiplicité d’impressions désagréables recueillies une à une et trop lentement, finirent par l’agacer. En