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Un soir, il arriva avant le coucher du soleil. Il s’étendit sur le sable. Une traînée d’or palpitait à la crête changeante des petites vagues. Il se dit :

— Comme on s’accoutume à tout ; jadis un coucher de soleil m’eût jeté en extase. Aujourd’hui j’en observe le phénomène au point de vue physique. L’acuité des sensations finit par s’émousser.

Quelqu’un lui toucha l’épaule. Il reconnut Bertrande.

— Vous, ici ? Quelle vagabonde !

Elle s’assit. Il chercha aussitôt un sujet d’entretien, chose ardue entre eux. De guerre lasse, il s’écria :

— Est-ce assez beau, hein !

Elle lui prit la main rudement.

— Ne parlons pas, voulez-vous ?

Il fut vexé, car sa propre exclamation lui sembla banale et superficielle auprès