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camphre sont épinglées aux rideaux, comme des oiseaux informes.

Il s’effraya de cette première nuit solitaire, parmi l’odeur du moisi et le vide des pièces abandonnées.

— J’attendrai qu’elle soit ici, se dit-il.

Il dîna au restaurant, se réfugia au théâtre, courut les cafés, et, rompu de fatigue, dormit en un lit d’hôtel.

Le matin, il déambula comme un misérable, au milieu des rues boueuses et sous la pluie sinistre. À une heure, il échouait, au buffet de la gare Montparnasse. Le train de Nantes n’arrivant que deux heures plus tard, il fuma et lut des journaux.

Sur le quai, son impatience se traduisit par une querelle avec un employé. Enfin, le train parut. Dans l’encadrement d’une portière, des mains s’agitaient et un visage d’enfant lui sourit. Marc se précipita, saisit son fils, puis reçut sa fille, puis aida sa femme à descendre. Quand elle fut auprès de lui, il l’embrassa tendrement.

Il avait quitté le Prieuré quelques heures avant elle, sous prétexte d’affaires urgentes. En outre, Louise et les deux enfants avaient passé la nuit à Nantes.

Un omnibus les emporta. Le matin, les domestiques, venus directement de la campagne, avaient aéré et nettoyé l’appartement. Hélienne eut une surprise agréable.

— C’est vraiment gentil, chez nous.

Son cabinet de travail surtout lui plut. Que de journées laborieuses s’étaient écoulées là ! Combien d’autres s’y accumuleraient ! Le repas fut plein de