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situation d’esprit que son habileté, du reste, lui conseillait d’entretenir.

À la nuit, il revint. Ses préparatifs furent rapides. Il réunit ses affaires et boucla sa valise. La suite de son programme lui ordonnant une entrevue avec M. Hélienne, il s’y conforma.

Son père le reçut couché. Il eut l’impression fâcheuse que le vieux était malade déjà et qu’il assistait à son agonie. Toute sa placidité de brute somnolente se dissipa. Son cœur battit enfin à grands coups irréguliers.

Et il prit conscience de ses actes.

Il en resta tout étourdi, comme s’il n’eût pas soupçonné la vérité. Il tuait son père ! Sa révolte fut loyale. Il empêcherait la catastrophe.

La gorge sèche, il dit :

— Tu es souffrant ? tu as des douleurs ? où ?

— Non, fit le père, de la fatigue.

Marc respira. Pourtant si M. Hélienne avait avalé la poudre meurtrière ! Il insinua, avide de le savoir :

— Aussi tu te fourres des drogues. Que contiennent-ils, tous ces petits paquets ?

Le vieux répliqua :

— Rien de grave. D’ailleurs, je n’y ai pas touché aujourd’hui. Mais toi, que me voulais-tu ?

Marc cherchait le moyen de le sauver. Néanmoins les paroles depuis longtemps élaborées fluèrent.

— Je ne puis m’éterniser ici. La première période de ma vie est manquée, je crois que la seconde réussira mieux. Avant de partir, je tenais à te remercier de ton excellent accueil.

Durant que ses lèvres articulaient les syllabes, il songeait :

— Comme tout est admirablement