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L’ENTHOUSIASME

Et voilà qu’une après-midi Geneviève m’aborda. Son visage était décomposé. Elle me dit :

— Où est-ce ?

— Où est-ce, quoi ?

— La chambre… Philippe est absent, je viens.

— Vous venez !

— Vite, répondez, où est-ce ?

Je bredouillai les renseignements nécessaires.

— Au coin de la rue Neuve… rue des Arbustes, à gauche…

— C’est bien… allez… j’y serai à quatre heures… allez… vite…

Dans un quartier tranquille, un peu à l’écart, semé de jardinets et peuplé de petits commerçants en retraite, dans une rue où l’on ne risquait guère de croiser des importuns, j’avais trouvé une chambre commode au premier étage de la maison d’un fleuriste. La pièce avait son entrée spéciale sur le palier et communiquait, en outre, par une porte intérieure, avec l’appartement du propriétaire. À la moindre alerte, on passait chez lui.

De la guipure enveloppait le lit, la table, les fauteuils, la toilette, la fenêtre. Deux morceaux de tapis en feutre glissaient sur le parquet frotté de cire rouge. Des tableaux en tapisserie, des alphabets brodés, des certificats ornaient le papier marron clair du mur. J’allumai un feu violent et me mis à entasser dans les armoires tous les objets qui trainaient, vases de porcelaine bleue, photographies, coquillages, bateaux en verre filé, bouquets de fleurs