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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/134

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L’ENTHOUSIASME

vre de plaintes et de menaces. Je la prévins de ma visite.

Elle me reçut dans son cabinet de toilette, Et aussitôt sa tenue, son peignoir lâche, les volets demi-clos, l’air alourdi de parfums, tous ces préparatifs qui étaient autant de pièges tendus à ma vertu, me parurent si comiques que j’éclatai d’un rire nerveux. Elle ferma le haut de son corsage et dit mélancoliquement,

— Vous riez… ici… où nous avons tant de souvenirs !

Une grosse larme coula de ses yeux, s’embourba dans le noir de la paupière, et s’arrêta toute pâteuse dans le blanc de la joue, et rien n’était triste comme ce chemin de tristesse inachevé.

— Pardonnez-moi, Berthe, je ne ris pas de nos souvenirs.

— Sont-ce les derniers, Pascal ? N’y en aura-t-il plus d’autres entre nous ?

— Non, il n’y en aura plus d’autres.

— C’est que vous l’aimez, dit-elle.

Je lui répondis très fermement.

— Oui, Berthe, j’aime votre sœur et elle m’aime aussi, mais Philippe, mère, tout le monde est contre nous, de sorte que je ne sais plus comment la voir. Soyez bonne, invitez-nous tous sous un prétexte quelconque.

— Tu es fou ! s’écria-t-elle.

— Pourquoi ? c’est très facile.

— Mais je me veux pas que Geneviève soit ta