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L’ENTHOUSIASME

Mme Darzas descendaient de la colline par le chemin des rampes et contournaient l’Esplanade.

Je ne riais plus.

— Qui t’a mise au courant ?

— Je puis te dire aussi que ce n’est pas le hasard qui a conduit Philippe. À quatre heures il recevait par un commissionnaire une lettre anonyme lui conseillant de se promener du côté du Clos Guillaume.

— C’est Berthe ! m’exclamai-je, hors de moi, c’est elle qui a écrit la lettre anonyme, c’est elle qui t’a prévenue aujourd’hui, ce ne peut être qu’elle, la misérable !

Mère était confondue. Pourquoi appelais-je Mme Landol par son petit nom ? Elle murmura :

— Oh ! tu as été l’amant de Berthe.

On aurait cru, à son accablement, qu’elle découvrait une de ces choses monstrueuses qui souillent une famille et auxquelles on ne fait allusion qu’à voix basse. Je fus attendri.

— Ma mère aimée, lui dis-je, tu es une sainte, toi, tu vois la vie à travers ta vie qui a toujours été admirable de renoncement et de pureté, et l’amour te blesse comme un crime. Voyons, que j’aie été ou non l’amant de Mme Landol, en quoi cela te touche-t-il ?

— Ce qui me navre, c’est ton existence d’intrigues, ce sont toutes ces histoires plus ou moins propres où tu es engagé. Chaque jour m’apporte la preuve d’une faute nouvelle.