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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/31

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L’ENTHOUSIASME

jours de suite, je courus sur les traces d’une amazone aux cheveux roux. Je l’aimai. L’apercevant le quatrième jour, qui se promenait à pied, je m’enfuis pour ne rien savoir d’elle.

Que de douleur confuse en ce mélange de passion et de réserve ! Il eût fallu — c’était mon rêve favori — qu’une femme me trouvât baigné de pleurs et s’offrit à moi par pitié. Précisément Mme Landol, l’amie de mère, me surprit dans l’une de ces crises, où je m’excitais à pleurer devant une glace. Elle m’interrogea, je me mis à sangloter entre ses bras.

Je l’aimai. Durant deux semaines, je ne pensai qu’à cette dame qui soignait les restes d’une beauté opulente et dont j’épiais curieusement le corsage. Elle m’accueillait avec beaucoup de sympathie. Une fois elle frôla ma nuque de sa main. Je ne retournai plus chez elle…

Au milieu d’un voyage en Bretagne qui fut la récompense de mon dernier examen, j’abandonnai mes amis pour suivre une grande dame brune, accompagnée de son mari. Je visitai trois villes à ses côtés, descendant aux mêmes hôtels et accomplissant les mêmes excursions, et d’une manière si discrète qu’elle ne s’avisa même pas de mon existence…

Je rejoignis ces amis sur une plage du Calvados. Ils s’étaient liés avec un groupe de demi-mondaines : le lendemain je revenais à Bellefeuille…

Timidités de jeune homme ? pudeurs de l’âme ?