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L’ENTHOUSIASME

étions en face l’un de l’autre en voiture, quand vous descendiez le matin…

— Je le savais et je savais aussi que vous m’aimiez.

— Mais je ne m’en doutais pas, moi, c’est d’hier seulement…

— Cependant ce n’est pas d’hier que vous m’aimez, Pascal, et je n’ai pas eu besoin, pour le savoir, de vous surprendre la nuit sous mes fenêtres. Je crois que vous m’avez toujours aimée. Jamais, même autrefois, vous ne m’avez regardée comme vous regardiez les autres personnes.

Sa clairvoyance m’inspirait de la considération. Elle était bien plus experte que moi sur les choses de l’amour ! Je m’informai de son âge.

— Vingt-quatre ans.

— Vous avez aimé déjà ?

— Non, Pascal, jamais.

— Et Philippe ?

— Je le croyais, mais non, il n’y a que vous.

— Ah ! que je suis heureux, Geneviève !… je veux… je veux que vous le soyez aussi.

— Je suis heureuse, Pascal !

— Vous l’êtes parce que je vous aime ?

— Parce que vous m’aimez et aussi parce que je vous aime.

Je m’éloignai d’elle rapidement, je tressaillais de joie et sa présence me gênait. Je remontai dans les bois, je me roulai sur la mousse, j’empoignais des fougères et les baisais avec frénésie, je secouais des