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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/62

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L’ENTHOUSIASME

Je montai l’escalier. Mère m’appela de sa chambre. Tout de suite je remarquai son agitation, et je fus inquiet.

— Ton grand-père ne t’a pas mis au courant ?

— Non.

— Alors tu ne sais rien ?

— Comment saurais-je ?

— Il a reçu d’Angleterre une lettre très pressante… de gros intérêts… il part demain soir… et…

Son embarras me déconcertait. J’essayai de sourire :

— Voyons, mère, c’est donc si grave, que tu n’oses pas…

Elle réussit à dominer son émotion et, brusquement, se décida :

— Eh bien, nous avons beaucoup causé, ton grand-père et moi… de toi principalement… et nous sommes entièrement d’accord. Voilà : comme tu n’es pas d’âge à faire ton volontariat, nous estimons que cette année ne doit pas être perdue, et que tu peux en profiter pour voyager, pour apprendre l’anglais, par exemple, ce qui n’est jamais inutile, n’est-ce pas… bref, il est entendu que tu pars demain soir avec ton grand-père, et que… Eh bien, qu’est-ce que tu as ?

Mes yeux l’effrayaient, mes yeux que je sentais pareils à des yeux de fou. Je voulais parler, je ne le pouvais pas.

— Voyons, Pascal, explique-toi.. dis quelque chose…