Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
L’ÉCLAT D’OBUS

— Oui.

— C’est-à-dire entre cinq et six heures du soir et la veille du jeudi où nous avons pu parvenir ici, au château d’Ornequin ?

— Oui, mais pourquoi ces questions ?

— Pourquoi ? Voici, Paul. Je t’ai repris, et j’ai entre les mains, l’éclat d’obus que tu as recueilli dans le mur du pavillon à l’endroit même où Élisabeth a été fusillée. Le voici. Une boucle de cheveux s’y trouvait encore collée.

— Eh bien ?

— Eh bien, j’ai causé tout à l’heure avec un adjudant d’artillerie, de passage au château, et il résulte de notre conversation et de son examen que cet éclat ne provient pas d’un obus tiré par un canon de 75, mais d’un obus tiré par un canon de 155, un Rimailho.

— Je ne comprends pas.

— Tu ne comprends pas parce que tu ignores, ou que tu as oublié, ce fait que vient de me rappeler mon adjudant. Le soir de Corvigny, le mercredi 16, les batteries qui ont ouvert le feu et qui ont lancé quelques obus sur le château, au moment où l’exécution avait lieu, étaient toutes nos batteries de 75, et nos Rimailhos de 155 n’ont tiré que le lendemain jeudi, pendant notre marche sur le château. Donc, comme Élisabeth a été fusillée et enterrée le mercredi soir vers six heures, il est matériellement impossible qu’un éclat d’obus tiré par un Rimailho lui ait enlevé des boucles de cheveux puisque les Rimailhos n’ont tiré que le jeudi matin.

— Alors ? murmura Paul, la voix altérée.

— Alors, comment douter que l’éclat d’obus