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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/161

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L’ÉCLAT D’OBUS
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Il n’y avait donc aucun doute. Les deux beaux-frères étaient visés de la façon la plus évidente, et le traître, bandit à la solde de l’ennemi, se cachait dans les rangs mêmes des Français.

— Pas d’erreur, dit Bernard. Toi d’abord, et puis moi, et puis toi. Il y a de l’Hermann là-dessous. Le major doit être à Dixmude.

— Et peut-être aussi le prince, observa Paul.

— Peut-être. En tout cas un de leurs agents s’est glissé parmi nous. Comment le découvrir ? Avertir le colonel ?

— Si tu veux, Bernard, mais ne parlons pas de nous et de notre lutte particulière avec le major. Si j’ai eu l’intention un instant d’avertir le colonel, j’y ai renoncé, ne voulant pas que le nom d’Élisabeth fût mêlé à toute cette aventure.

D’ailleurs, il n’était pas besoin de mettre les chefs sur leurs gardes. Si les tentatives contre les deux beaux-frères ne se renouvelèrent pas, les faits de trahison recommençaient chaque jour. Batteries françaises repérées, attaques prévenues, tout prouvait l’organisation méthodique d’un système d’espionnage beaucoup plus actif que partout ailleurs. Comment ne pas soupçonner la présence du major Hermann, un des principaux rouages évidemment de ce système ?

— Il est là, répétait Bernard, en montrant les lignes allemandes. Il est là parce qu’actuellement la grande partie se joue dans ces marécages, et qu’il y a de la besogne pour lui. Et il y est aussi parce que nous y sommes.

— Comment le saurait-il ? objectait Paul.