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L’ÉCLAT D’OBUS
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Hermann dans le néant, Paul Delroze croira que son ennemi est mort, et il ne pensera plus à vous. Or, qu’arrive-t-il aujourd’hui ? C’est qu’il possède, avec cette photographie, la preuve la plus certaine du rapport qui existe entre le major Hermann et ce fameux portrait qu’il a vu le soir de son mariage, c’est-à-dire, entre le présent et le passé.

— Évidemment, mais cette photographie trouvée sur un cadavre quelconque ne prendrait d’importance pour lui que s’il en connaissait la provenance, par exemple s’il pouvait voir son beau-père d’Andeville.

— Son beau-père d’Andeville se bat dans les rangs de l’armée anglaise, à trois lieues de Paul Delroze.

— Le savent-ils ?

— Non, mais un hasard peut les rapprocher. En outre, Bernard et son père s’écrivent, et Bernard a dû raconter à son père les événements qui se sont passés au château d’Ornequin, du moins ceux que Paul Delroze et lui ont pu reconstituer.

— Eh ! qu’importe, s’ils ignorent les autres événements ? Et c’est là l’essentiel. Par Élisabeth ils sauraient tous nos secrets et ils devineraient qui je suis. Or, ils ne la chercheront pas puisqu’ils la croient morte.

— En êtes-vous bien sûr, Excellence ?

— Que dis-tu ?

Les deux complices étaient l’un contre l’autre, les yeux dans les yeux, le major inquiet et irrité, l’espion un peu narquois.

— Parle, dit le major, qu’y a-t-il ?

— Excellence, il y a que, tantôt, j’ai pu mettre la main sur la valise de Delroze. Oh !