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L’ÉCLAT D’OBUS

grandissaient jusqu’à devenir une accusation véritable. Est-ce la révolte ou la rage d’être démasqué qui le fait frémir ainsi ? Et dois-je le considérer comme le complice de sa femme ? Car enfin… »

Il sentit son bras tordu par une étreinte violente. M. d’Andeville balbutiait, livide :

— Vous osez ! Ainsi ma femme aurait assassiné votre père !… Mais vous êtes ivre ! Ma femme qui était une sainte devant Dieu et devant les hommes ! Et vous osez ? Ah ! je ne sais pas ce qui me retient de vous casser la figure.

Paul se dégagea rudement. Tous deux secoués par une fureur que surexcitaient le vacarme du combat et la folie même de leur querelle, ils furent sur le point de se colleter pendant que les balles et les obus sifflaient autour deux.

Un pan de mur encore s’écroula. Paul donna des ordres, et, en même temps, il pensait au major Hermann qui était là dans un coin, et devant qui il aurait pu amener M. d’Andeville, comme un criminel que l’on confronte avec son complice. Pourquoi cependant n’agissait-il pas ainsi ?

Se souvenant tout à coup, il tira de sa poche la photographie de la comtesse Hermine trouvée sur le cadavre de l’Allemand Rosenthal.

— Et cela, dit-il, en la lui plaçant sous les yeux, vous savez ce que c’est que cela ? La date est dessus : 1902. Et vous prétendez que la comtesse Hermine est morte ? Hein ! répondez ; une photographie de Berlin, qui vous fut envoyée par votre femme quatre ans après sa mort !

M. d’Andeville chancela. On eût dit que toute