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L’ÉCLAT D’OBUS

ce qui eût assuré la possession du blockhaus.

L’artillerie française, dans l’impossibilité d’un tir efficace parmi la mêlée des combattants, avait cessé le feu, tandis que les canons allemands gardaient toujours la maison comme objectif, et des obus éclataient à tous moments.

Un homme encore fut blessé, que l’on transporta jusqu’à la soupente auprès du major Hermann, et qui mourut presque aussitôt.

Dehors la lutte s’engageait sur l’eau et dans l’eau même du canal, sur les barques et autour des barques. Corps à corps furieux, tumulte, cris de haine et cris de douleur, hurlements d’effroi et chants de victoire… la confusion était telle que Paul et M. d’Andeville avaient peine à placer leurs balles.

Paul dit à son beau-père :

— Je crains que nous succombions avant d’être secourus. Je dois donc vous prévenir que le lieutenant a pris ses dispositions pour faire sauter la maison. Comme vous êtes ici par hasard, sans mission qui vous donne le titre et les devoirs d’un combattant…

— Je suis ici à titre de Français, riposta M. d’Andeville. Je resterai jusqu’à la dernière minute.

— Alors peut-être aurons-nous le temps de finir. Écoutez-moi, monsieur. Je tâcherai d’être bref. Mais si un mot, un seul mot vous éclairait, je vous demande de m’interrompre tout de suite.

Il comprenait qu’il y avait entre eux des ténèbres incommensurables, et que, coupable ou non, complice ou dupe de sa femme, M. d’Andeville devait savoir des choses que