II
LA CHAMBRE CLOSE
a voiture attendait Élisabeth et Paul à
quelque distance. Arrivés sur le plateau,
ils s’étaient assis au bord du chemin.
La vallée du Liseron s’ouvrait devant eux
en courbes molles et verdoyantes, où la petite
rivière onduleuse était escortée de deux routes
blanches qui en suivaient tous les caprices. En
arrière, sous le soleil, se massait Corvigny que
l’on dominait d’une centaine de mètres tout au
plus. Une lieue plus loin, en avant, se dressaient
les tourelles d’Ornequin et les ruines du
vieux donjon.
La jeune femme garda longtemps le silence, terrifiée par le récit de Paul. À la fin, elle lui dit :
— Ah ! Paul, tout cela est terrible. Est-ce que vous avez beaucoup souffert ?
— Je ne me rappelle plus rien à partir de ce moment, plus rien jusqu’au jour où je me suis trouvé dans une chambre que je ne connaissais pas, soigné par une vieille cousine de mon père et par une religieuse. C’était la plus belle chambre d’une auberge située entre Belfort et la frontière. Un matin, de très bonne heure, douze jours auparavant, l’aubergiste avait