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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/224

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L’ÉCLAT D’OBUS

et se brisa contre le goulot d’une bouteille. Il tomba à genoux sur la table, dans un fracas d’assiettes et de verres cassés, empoigna un flacon de liqueur, et s’écroula par terre en balbutiant :

— Il nous faut Paris… Paris et Calais… C’est papa qui l’a dit… L’Arc de Triomphe… Le café Anglais… Le grand Seize… Le Moulin-Rouge !…

Le tumulte cessa d’un coup. La voix impérieuse de la comtesse Hermine commanda :

— Qu’on s’en aille ! Que chacun rentre chez soi ! Plus vite que cela, messieurs, s’il vous plaît.

Les officiers et les dames s’esquivèrent rapidement. Dehors, sur l’autre façade de la maison, plusieurs coups de sifflet retentirent. Presque aussitôt des automobiles arrivèrent des remises. Le départ général eut lieu.

Cependant la comtesse avait fait un signe aux domestiques, et, montrant le prince Conrad :

— Portez-le dans sa chambre.

En un tour de main, le prince fut enlevé.

Alors, la comtesse Hermine s’approcha d’Élisabeth.

Il ne s’était pas écoulé cinq minutes depuis l’effondrement du prince sous la table, et, après le vacarme de la fête, c’était maintenant le grand silence dans la pièce en désordre où les deux femmes se trouvaient seules.

Élisabeth avait de nouveau enfoui sa tête entre ses mains, et elle pleurait abondamment avec des sanglots qui lui convulsaient les épaules. La comtesse Hermine s’assit auprès d’elle et la toucha légèrement au bras.