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L’ÉCLAT D’OBUS

vantage d’être efficace, puisque la mort de Karl n’empêcherait pas la comtesse Hermine de poursuivre ses projets.

Bernard murmura :

— Tu n’as cependant pas l’intention d’enlever Élisabeth ? Il y a là tout un poste de factionnaires.

— Je ne veux qu’une chose : abattre Karl.

— Et après ?

— Après ? On s’empare de nous. Il y a interrogatoire, enquête, scandale… Le prince Conrad se mêle de l’affaire.

— Et on nous fusille. Je t’avoue que ton plan…

— Peux-tu m’en proposer un autre ?

Il s’interrompit. L’espion Karl, très en colère, invectivait contre son chauffeur et Paul saisit ces paroles :

— Bougre d’idiot ! Tu n’en fais jamais d’autres ! Pas d’essence. Crois-tu que nous en trouverons cette nuit ? Où y en a-t-il de l’essence ? À la remise ? Cours-y, andouille. Et ma fourrure ? Tu l’as oubliée également ? Au galop ! Rapporte-la. Je vais conduire moi-même. Avec un abruti de ton espèce, on risque trop…

Le soldat se mit à courir. Et, aussitôt. Paul constata que, pour aller lui-même jusqu’à la remise dont on discernait les lumières, il n’aurait pas à s’écarter des ténèbres qui le protégeaient.

— Viens, dit-il à Bernard, j’ai mon idée que tu vas comprendre.

Leur pas assourdis par l’herbe d’une pelouse, ils gagnèrent les communs réservés aux écuries et aux garages d’autos, et où ils purent pénétrer sans que leur silhouette fût aperçue