à réfléchir aux actes que l’on a décidé d’accomplir. Du reste, les événements semblaient lui donner raison. Karl le reçut avec des injures, mais sans prêter la moindre attention à ce comparse pour lequel il n’avait pas assez de mépris. L’espion enfila sa peau de bique, s’assit au volant, et mania les leviers tandis que Paul s’installait à côté de lui.
La voiture s’ébranlait déjà quand une voix, qui venait du perron, ordonna :
— Karl ! Karl !
Paul eut un instant d’inquiétude. C’était la comtesse Hermine.
Elle s’approcha de l’espion et lui dit tout bas, en français :
— Je te recommande, Karl… Mais ton chauffeur ne comprend pas le français, n’est-ce pas ?
— À peine l’allemand, Excellence. C’est une brute. Vous pouvez parler.
— Voilà. Ne verse que dix gouttes du flacon, sans quoi…
— Convenu, Excellence. Et puis ?
— Tu m’écriras dans huit jours si tout s’est bien passé. Écris-moi à notre adresse de Paris, et pas avant, ce serait inutile.
— Vous retournez donc en France, Excellence ?
— Oui. Mon projet est mûr.
— Toujours le même ?
— Oui. Le temps paraît favorable. Il pleut depuis plusieurs jours, et l’état-major m’a prévenue qu’il allait agir de son côté. Donc je serai là-bas demain soir et il suffira d’un coup de pouce…
— Oh ! ça, d’un coup de pouce, pas davantage. J’y ai travaillé moi-même et tout est au