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L’ÉCLAT D’OBUS

La descente s’effectua dans les meilleures conditions, et ils marchèrent au milieu des massifs jusqu’à la palissade qui séparait le jardin du vaste enclos réservé aux casernes. Là ils se passèrent le prince d’un côté à l’autre, comme un paquet, puis, en suivant le même chemin qu’à l’arrivée, ils parvinrent aux carrières.

Outre que la nuit était suffisamment claire pour qu’ils pussent se diriger, ils apercevaient devant eux une lueur épandue qui devait monter du corps de garde établi à l’entrée du tunnel. En effet, dans le poste, toutes les lumières étaient allumées, et les hommes, debout en dehors de la baraque, buvaient du café.

Devant le tunnel, un soldat déambulait, le fusil sur l’épaule.

— Nous sommes deux, souffla Bernard. Ils sont six, et, au premier coup de feu, ils seront rejoints par les quelques centaines de Boches qui cantonnent à cinq minutes d’ici. La lutte est un peu inégale, qu’en dis-tu ?

Ce qui aggravait la difficulté jusqu’à la rendre insurmontable, c’est qu’ils n’étaient pas deux en réalité, mais trois, et que leur prisonnier constituait pour eux la gêne la plus terrible. Avec lui, impossible de courir, impossible de fuir. Il fallait s’aider de quelque stratagème.

Lentement, prudemment, afin qu’aucune pierre ne roulât sous leurs pas ou sous les pas du prince, ils décrivirent, en dehors de l’espace éclairé, un circuit qui les amena, au bout d’une heure, à proximité même du tunnel, sur les pentes rocheuses contre lesquelles s’appuyaient ses premiers contreforts.

— Reste là, dit Paul, — et il parlait très bas, mais de manière que le prince entendît,