Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
L’ÉCLAT D’OBUS


VII

LA LOI DU VAINQUEUR



Si brutalement qu’on le traitât, Paul n’opposa pas la moindre résistance. Tandis qu’on le collait, avec une violence exaspérée, contre une partie verticale de la falaise, il continuait en lui-même ses calculs :

— Il est mathématiquement certain que les deux explosions se sont produites à des distances de trois cents et quatre cents mètres. Donc, je puis admettre également comme certain que Bernard et le prince Conrad se trouvaient au delà, et que les hommes qui leur donnaient la chasse se trouvaient en deçà. Donc tout est pour le mieux.

Docilement, avec une sorte de complaisance ironique, il se prêtait aux préparatifs de son exécution, et, déjà, les douze soldats qui en étaient chargés, s’alignant sous la vive lumière d’un projecteur électrique, n’attendaient plus qu’un ordre. Le sous-officier qu’il avait blessé au début du combat se traîna jusqu’à lui et grinça :

— Fusillé !… Fusillé !… Sale Franzose…

Il répondit en riant :