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L’ÉCLAT D’OBUS

épisodes tragiques, et selon l’ordre des événements et des meurtres. Et c’était un spectacle plein d’horreur que celui de cette femme, coupable de tant de forfaits, et que le destin murait au fond de cette cave, en face de ses ennemis mortels. Comment se pouvait-il cependant qu’elle ne parût pas avoir perdu toute espérance ? Car il en était ainsi, et Bernard le remarqua.

— Observe-la, dit-il en s’approchant de Paul, Deux fois elle a consulté sa montre. On croirait qu’elle attend un miracle, mieux que cela, un secours direct, inévitable, qui doit lui venir à une heure fixe. Regarde… Ses yeux cherchent… Elle écoute…

— Fais entrer tous les soldats qui sont au bas de l’escalier, répondit Paul. Il n’y a aucune raison pour qu’ils n’entendent pas ce qui me reste à dire.

Et, se tournant vers la comtesse, il prononça, d’une voix qui s’animait peu à peu :

— Nous approchons du dénouement. Toute cette partie de la lutte, vous l’avez conduite sous les apparences du major Hermann, ce qui vous était plus commode pour suivre les armées et pour jouer votre rôle d’espion en chef. Hermann, Hermine… Le major Hermann, que vous faisiez passer au besoin pour votre frère, c’était vous, comtesse Hermine. Et c’est vous dont j’ai surpris l’entretien avec le faux Laschen, ou plutôt avec l’espion Karl, dans les ruines du phare au bord de l’Yser. Et c’est vous que j’ai pu saisir et attacher dans la soupente de la maison du passeur.

« Ah ! quel beau coup vous avez manqué ce jour-là ! Vos trois ennemis blessés, à portée