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L’ÉCLAT D’OBUS
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X

DEUX EXÉCUTIONS



Plus encore peut-être que par la vibration inexplicable de cette sonnerie, le coup de théâtre fut produit par le soubresaut de triomphe qui secoua la comtesse Hermine. Elle poussa un cri de joie sauvage, puis éclata de rire. Son visage se transforma. Plus d’inquiétude, plus de cette tension où l’on sent la pensée qui cherche et qui s’effare, mais de l’insolence, de la certitude, du mépris, un orgueil démesuré.

— Imbéciles ! ricana-t-elle… Imbéciles !… Alors vous avez cru ? Non, faut-il que les Français soient naïfs !… Vous avez cru que, moi, vous me prendriez ainsi, dans une souricière ? Moi ! Moi !…

Les paroles ne pouvaient plus sortir de sa bouche, trop nombreuses et trop pressées. Elle se raidit, ferma les yeux un instant dans un grand effort de volonté, puis, allongeant le bras droit et poussant un fauteuil, découvrit une petite plaque d’acajou sur laquelle il y avait une manette de cuivre qu’elle saisit à tâtons, les yeux toujours dirigés vers Paul, vers le comte d’Andeville, vers son fils, vers les trois officiers.