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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/318

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L’ÉCLAT D’OBUS

vèrent au haut de l’escalier, un commandement leur parvint :

— En joue !…

Afin de ne pas entendre. Paul referma vivement sur lui la porte du vestibule et la porte de la rue. Dehors c’était le grand air, le bon air pur que l’on respire à pleins poumons. Les troupes circulaient en chantant. Ils apprirent que le combat était terminé et nos positions assurées définitivement. Là aussi, la comtesse Hermine avait échoué…


Quelques jours plus tard, au château d’Ornequin, le sous-lieutenant Bernard d’Andeville, que douze hommes suivaient, entrait dans une sorte de casemate, saine et bien chauffée, qui servait de prison au prince Conrad.

La table portait des bouteilles et les vestiges d’un repas abondant.

À côté, sur son lit, le prince dormait. Bernard lui frappa sur l’épaule.

— Ayez du courage, monseigneur.

Le prisonnier se dressa, terrifié.

— Hein ! quoi ! qu’est-ce que vous dites ?

— Ayez du courage, monseigneur. L’heure est venue.

Il balbutia, pâle comme un mort :

— Du courage ?… Du courage ?… Je ne comprends pas… Mon Dieu ! mon Dieu ! est-ce possible !…

Bernard formula :

— Tout est toujours possible, et ce qui doit arriver arrive toujours, surtout les catastrophes.

Et il proposa :

— Un verre de rhum pour vous remettre, monseigneur ?… Une cigarette ?…