III
ORDRE DE MOBILISATION
’horrible accusation fut suivie d’un
silence effrayant. Debout en face de
son mari, Élisabeth cherchait à comprendre
des paroles qui n’avaient pas encore
pour elle leur sens véritable, mais qui l’atteignaient
cependant comme des blessures profondes.
Elle fit deux pas vers lui, et, les yeux dans les yeux, elle articula, si bas qu’il entendit à peine :
— Qu’est-ce que tu viens de dire, Paul ? C’est une chose si monstrueuse !…
Il répondit sur le même ton :
— Oui, c’est une chose monstrueuse. Moi-même je n’y crois pas encore… je ne veux pas y croire…
— Alors… tu t’es trompé, n’est-ce pas ? Tu t’es trompé… avoue-le…
Elle le suppliait de toute sa détresse, comme si elle eût espéré le fléchir.
Par-dessus l’épaule de sa femme, il accrocha de nouveau son regard au portrait maudit, et tressaillit des pieds à la tête.
— Ah ! c’est elle, affirma-t-il en serrant les