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L’ÉCLAT D’OBUS

— Très peu. Une arrière-garde de deux cent cinquante Badois, tout au plus.

— Et dans les forts ?

— À peu près autant. On n’avait pas cru nécessaire de réparer les tourelles et l’on est pris à l’improviste. Vont-ils essayer de se maintenir ou se replier vers la frontière ? Ils hésitent, c’est pourquoi on nous a envoyés en reconnaissance.

— Alors, nous pouvons marcher ?

— Oui, mais tout de suite, sans quoi ils reçoivent des renforts importants, deux divisions.

— Qui seront là ?

— Demain. Elles doivent traverser la frontière demain, vers midi.

— Cré non ! il n’y a pas de temps à perdre, dit Paul.

Tout en examinant l’auto-mitrailleuse et en faisant désarmer et fouiller les prisonniers, Paul réfléchissait aux mesures à prendre, lorsqu’un de ses hommes, resté dans le village, vint lui annoncer l’arrivée d’un détachement français. Un lieutenant le commandait.

Paul se hâta de mettre cet officier au courant. Les événements nécessitaient une action immédiate. Il s’offrit à partir à la découverte dans l’auto même que l’on avait capturée.

— Soit, dit l’officier ; moi, j’occupe le village et je m’arrange pour que la division soit prévenue le plus tôt possible.

L’automobile fila dans la direction de Corvigny. Huit hommes s’y étaient entassés. Deux d’entre eux, spécialement chargés des mitrailleuses, en étudiaient le mécanisme. Le prisonnier alsacien, debout afin qu’on pût bien voir