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Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/83

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L’ÉCLAT D’OBUS
75

Trois fois, à vive allure, Paul fit le tour de la place, afin de surveiller les voies d’accès. De tous côtés l’ennemi fuyait par les routes et par les sentiers qui conduisaient à la frontière. Et de tous côtés aussi les habitants de Corvigny sortaient de leurs maisons et manifestaient leur joie.

— Qu’on relève et qu’on soigne les blessés, commanda Paul. Et qu’on appelle le sonneur de l’église, ou quelqu’un qui sache sonner les cloches. C’est urgent !

Et tout de suite, au vieux sacristain qui se présenta :

— Le tocsin, mon brave, le tocsin à tour de bras ! Et quand tu seras fatigué, qu’un camarade te remplace ! Va… Le tocsin, sans une seconde de répit !

C’était le signal dont Paul avait convenu avec le lieutenant français et qui devait annoncer à la division la réussite de l’entreprise et la nécessité de la marche en avant.

Il était deux heures. À cinq heures, l’état-major et une brigade prenaient possession de Corvigny, et nos 75 lançaient quelques obus. À dix heures du soir, le reste de la division ayant rejoint, les Allemands étaient chassés du Grand-Jonas et du Petit-Jonas et se concentraient en avant de la frontière. Il fut décidé que dès l’aube on les délogerait.


— Paul, dit Bernard à son beau-frère, avec qui il se retrouva après l’appel du soir, Paul, j’ai à te raconter quelque chose… qui m’intrigue… quelque chose de très louche… tu vas en juger. Tout à l’heure, je me promenais dans une des petites rues qui avoisinent l’église,