Aller au contenu

Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
L’ÉCLAT D’OBUS

Ce fut l’épreuve la plus dure.

Paul, en proie à une exaltation croissante, frissonnait de fièvre et de colère.

— Voyons, Paul, lui disait Bernard, ne te mets pas dans un état pareil ! Nous arriverons à temps.

— À temps… pourquoi faire ? répliquait-il. Pour la retrouver morte ou blessée ?… ou pour ne pas la retrouver du tout ? Et puis quoi ! nos sacrés canons, ils ne peuvent pas se taire ? Qu’est-ce qu’ils bombardent maintenant que l’adversaire ne répond plus ? Des cadavres… des maisons démolies…

— Et l’arrière-garde qui couvre la retraite allemande ?

— Eh bien, ne sommes-nous pas là, nous, les fantassins ? C’est notre affaire. Un déploiement de tirailleurs, et puis une bonne charge à la baïonnette…

Enfin, la section repartit, renforcée par le reste de la troisième compagnie et sous le commandement du capitaine. Un détachement de hussards passa au galop, se dirigeant vers le village afin de couper la route aux fugitifs. La compagnie obliqua vers le château.

En face c’était le grand silence de la mort. Piège peut-être ? Ne pouvait-on croire que des forces ennemies solidement retranchées et barricadées se préparaient à la résistance suprême ?

Dans l’allée des vieux chênes qui conduisait à la cour d’honneur, rien de suspect. Aucune silhouette, aucun bruit.

Paul et Bernard toujours en tête, le doigt sur la gâchette de leur fusil, fouillaient d’un regard aigu le jour confus des sous-bois. Par-dessus le