Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/135

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— L’espace est trop petit. Si l’on essayait de se mettre entre l’un des trois côtés de ce carré et les parois, on serait broyé. Tout cela est calculé. J’y ai réfléchi souvent.

— Alors ?

— Il faut attendre.

— Quoi ? Qui ?

— François.

— Oh ! François, dit-elle avec un sanglot, peut-être est-il condamné lui aussi… Ou bien peut-être nous cherche-t-il et va-t-il tomber dans quelque piège. En tout cas, je ne le verrai pas… Et il ne saura rien… Et il n’aura même pas vu sa mère avant de mourir… »

Elle serra fortement les mains du jeune homme et lui dit :

«  Stéphane, si l’un de nous échappe à la mort, — et je souhaite que ce soit vous…

— Ce sera vous, dit-il avec conviction. Je m’étonne même que l’ennemi vous inflige mon supplice. Mais, sans doute, ignore-t-il que c’est vous qui êtes ici.

— Cela m’étonne aussi, fit Véronique… un autre supplice m’est réservée à moi… Mais que m’importe, si je ne dois plus revoir mon fils ! Stéphane, je vous le confie, n’est-ce pas ? Je sais déjà tout ce que vous avez fait pour lui… »

Le plancher continuait à monter très lentement, avec une trépidation inégale et des sursauts brusques. La pente s’accentuait. Encore quelques minutes et ils n’auraient plus le loisir de parler librement, dans le calme.

Stéphane répondit :

« Si je survis, je vous jure de mener ma tâche jusqu’au bout. Je vous le jure en souvenir…

— En souvenir de moi, dit-elle fermement, en souvenir de la Véronique que vous avez connue… et que vous avez aimée. »

Il la regarda passionnément :

«  Vous savez donc ?…

— Oui, et je vous le dis franchement. J’ai lu votre journal… Je connais votre amour… et je l’accepte… »

Elle sourit tristement.

« Pauvre amour que vous offriez à celle qui était