Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/138

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Le mur se dressait derrière eux. Encore quelques minutes, il serait vertical. Le dénouement approchait.

Plusieurs fois Stéphane dut retenir Véronique. Une terreur croissante troublait l’esprit de la jeune femme. Elle eût voulu se précipiter…

« Je vous en prie, balbutiait-elle, laissez-moi… je souffre trop… » Elle n’eût pas retrouvé son fils que, jusqu’au bout, elle fût restée maîtresse d’elle-même. Mais l’image de François la bouleversait. L’enfant devait être captif également… on devait le torturer et l’immoler comme sa mère sur l’autel des dieux exécrables.

« Non, non, il va venir, affirmait Stéphane… Vous serez sauvée… je le veux… j’en suis sûr…  »

Elle répondait avec égarement :

« Il est enfermé comme nous… On le brûle avec des torches… on le perce à coups de flèches… on lui déchire la chair… Ah ! mon pauvre petit !…

— Il va venir, mon amie… Il vous l’a dit, rien ne peut séparer une mère et un fils qui se sont retrouvés…

— C’est dans la mort que nous nous sommes retrouvés… c’est la mort qui nous réunira. Et que ce soit tout de suite !… Je ne veux pas qu’il souffre… »

La douleur était trop forte. D’un effort elle dégagea ses mains des mains de Stéphane et fit un mouvement pour s’élancer. Mais aussitôt elle se renversa contre le pont-levis en poussant, de même que Stéphane, un cri de stupeur.

Quelque chose avait passé devant leurs yeux, puis avait disparu. Cela venait du côté gauche.

« L’échelle… c’est l’échelle… n’est-ce pas ? murmura Stéphane.

— Oui, c’est François… dit Véronique, haletante de joie et d’espoir… Il est sauvé… Il vient nous secourir… »

À ce moment le mur de supplice était presque droit. Il frémissait sous leurs épaules, implacable. La grotte n’existait plus derrière eux. Ils appartenaient à l’abîme, tout au plus accrochés à une étroite corniche.

Véronique se pencha de nouveau. L’échelle revint,