Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/266

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est déjà fort ébranlé, devient folle et se jette du haut de la falaise.

« Là-dessus, quelques jours d’accalmie durant lesquels Véronique d’Hergemont explore, sans être inquiétée, le Prieuré de l’île de Sarek. En effet, le père et le fils, après leur chasse fructueuse, laissant seul Otto, qui passe son temps à boire dans les cellules, sont partis sur le canot pour chercher Elfride et Conrad, pour ramener le cadavre de Maguennoc et le jeter à l’eau en vue de Sarek, puisque Maguennoc a son domicile marqué et obligatoire parmi les trente cercueils.

« À ce moment, c’est-à-dire lorsqu’il revient à Sarek, Vorski en est au chiffre de vingt-quatre. Stéphane et François, surveillés par Otto, sont captifs. Restent quatre femmes réservées au supplice, dont les trois sœurs Archignat, toutes trois enfermées dans leur cellier. C’est leur tour. Véronique d’Hergemont essaye bien de les délivrer : trop tard. Guettées par la bande, visées par Raynold, qui est un habile tireur à l’arc, les sœurs Archignat sont atteintes par les flèches (les flèches, ordre de la prophétie) et tombent aux mains de l’ennemi. Le soir même, elles sont accrochées à trois chênes, non sans que Vorski les eût au préalable allégées des cinquante billets de mille qu’elles cachaient sur elles. Résultat : Vingt-neuf victimes. Qui sera la trentième ? Qui sera la quatrième femme ? »

Don Luis fit une pause et reprit :

« Sur cette question, la prophétie est très claire, et cela en deux endroits qui se complètent :

« Devant sa mère, Abel tuera Caïn. »

« Et, quelques vers après :

… « Ayant occis l’épouse un soir de juin. »

Vorski, lui, dès qu’il avait eu connaissance du document, avait interprété les deux vers à sa façon. Ne pouvant, en effet, à cette époque, disposer de Véronique, qu’il a vainement cherchée par toute la France, il biaise