Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/296

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fois plus beau et plus éclatant. La science ne tue pas les miracles, elle les purifie et les ennoblit. Qu’était-ce que cette petite puissance sournoise, capricieuse, méchante, incompréhensible, qui s’attachait à la pointe d’une baguette magique, et qui agissait à tort et à travers, selon la fantaisie ignorante d’un chef barbare ou d’un druide, qu’était-ce à côté du pouvoir bienfaisant, clair, loyal, et tout aussi miraculeux, qui nous apparaît aujourd’hui à travers une poussière de Radium ? Qu’était-ce… »

Don Luis s’interrompit soudain et se mit à rire :

« Allons, bon ! voilà que je m’emballe et que je chante une ode à la science. Excusez-moi, madame, ajouta-t-il en se levant et en s’approchant de Véronique, et dites-moi que je ne vous ai pas trop ennuyée avec mes explications. Non, n’est-ce pas ? pas trop ? D’ailleurs, c’est fini… ou du moins presque fini. Il n’y a plus qu’un point à préciser, plus qu’une décision à prendre. » Il s’assit auprès d’elle.

« Eh bien, voilà. Maintenant que nous avons conquis la Pierre-Dieu, c’est-à-dire un véritable trésor, qu’allons-nous en faire ?

Véronique eut un élan de tout son être.

« Oh ! pour cela, qu’il n’en soit pas question. Je ne veux rien de ce qui peut provenir de Sarek, rien de ce qui se trouve dans le Prieuré. Nous travaillerons.

— Cependant, le Prieuré vous appartient…

— Non, non, Véronique d’Hergemont n’existe plus, et le Prieuré n’appartient plus à personne. Que tout cela soit vendu à l’encan ! Je ne veux rien, rien de ce passé maudit.

— Et comment vivrez-vous  ?

— Comme je vivais, de mon travail. Et je suis sûre que François m’approuve, n’est-ce pas, mon chéri ? »

Et, dans un mouvement instinctif, se tournant vers Stéphane, comme s’il avait quelque droit à donner son avis, elle ajouta :

« Vous aussi, vous m’approuvez, n’est-ce pas, mon ami ?

— Entièrement, » dit-il.

Aussitôt elle reprit :

« Du reste, si je ne doute pas des sentiments affec-