Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/35

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rappelait la fille qu’il avait reniée. « Tout le portrait de sa mère, disait-il. Véronique était comme lui douce et tendre, aimante et caressante. » Et alors il a commencé à vous rechercher, d’accord avec moi, à qui, peu à peu, il s’était confié. »

Véronique rayonnait de joie. Son fils lui ressemblait ! Son fils était bon et souriant !

« Mais, dit-elle, est-ce qu’il me connaît ? Sait-il que sa mère est vivante ?

— S’il le sait ! M. d’Hergemont voulait garder le secret, d’abord. Mais je n’ai pas tardé à tout dire.

— Tout ?

— Non. Il croit que son père est mort et qu’à la suite du naufrage où M. d’Hergemont et lui, François, ont disparu, vous êtes entrée en religion sans qu’on puisse vous retrouver. Et ce qu’il est avide de nouvelles, quand je reviens de voyage ! Ce qu’il espère, lui aussi ! Ah ! sa maman, il l’aime bien, allez ! C’est toujours lui qui chante cette chanson que vous avez entendue et que son grand-père lui a apprise.

— Mon François… mon petit François !…

— Ah ! oui, il vous aime, continua la Bretonne. Il y a maman Honorine. Mais vous, vous êtes maman tout court. Et c’est pour vous chercher qu’il a hâte de devenir grand et de terminer ses études.

— Ses études ? Il travaille ?…

— Avec son grand-père, et, depuis deux ans, avec un brave garçon que j’ai ramené de Paris, Stéphane Maroux, un mutilé de la guerre, décoré sur toutes les coutures et réformé à la suite d’opérations internes. François s’est attaché à lui de tout son cœur. »

Le canot filait rapidement sur la mer paisible où il creusait un angle d’écume argentée. Les nuages s’étaient dissipés à l’horizon. La fin de la journée s’annonçait calme et sereine.

« Encore ! encore ! répétait Véronique, qui ne se lassait pas d’écouter ; voyons, comment s’habille-t-il, mon fils ?

— Des culottes courtes, qui laissent ses mollets nu, une grosse chemise, en molleton avec des boutons d’or,