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L’AGENCE BARNETT ET Cie

où venaient travailler trois employés et, tout au bout, d’une cuisine.

Très économe, il n’avait pas de bonne. Chaque matin, la concierge, lourde femme active et réjouie, lui montait son courrier à huit heures, faisait le ménage et déposait sur son bureau un croissant et une tasse de café.

Ce matin-là, cette femme repartit à huit heures et demie, et M. Gassire, ainsi que chaque jour, en attendant ses employés, mangea tranquillement, décacheta ses lettres et parcourut son journal. Or, tout à coup, à neuf heures moins cinq exactement, il crut entendre du bruit dans sa chambre. Se souvenant du paquet de titres qu’il y avait laissé, il s’élança. Le paquet de titres n’y était plus, et, en même temps, la porte de l’antichambre sur le palier se refermait violemment.

Il voulut l’ouvrir. Mais la serrure ne fonctionnait qu’avec la clef, et, cette clef, M. Gassire l’avait laissée sur son bureau.

« Si je vais la chercher, pensa-t-il, le voleur s’enfuira sans être vu. »

M. Gassire ouvrit donc la fenêtre de l’antichambre, qui donnait sur la rue. À cet instant, il était matériellement impossible que quelqu’un eût eu le temps de quitter la maison. Et, de fait, la rue était déserte. Si affolé qu’il fût, Nicolas Gassire ne cria pas au secours. Mais, quelques secondes plus tard, apercevant son principal employé qui débouchait du boulevard voisin et s’en venait vers la maison, il lui fit signe.

« Vite ! vite ! Sarlonat, dit-il en se penchant, entrez, refermez la porte, et que personne ne passe. On m’a volé. »