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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

— Ruiné ? Et cette maison ?

— Hypothéquée jusqu’à la gauche. »

Les deux hommes sautaient et vociféraient l’un en face de l’autre. La concierge et les trois employés avaient perdu la tête aussi et barraient le passage à deux jeunes filles, deux locataires du troisième, qui voulaient sortir à tout prix de la maison.

« Personne ne sortira ! cria Béchoux, hors de lui. Personne, avant qu’on ait retrouvé mes douze Africaines !

— Il faudrait peut-être du secours, proposa Gassire… le garçon boucher… l’épicier… ce sont des gens de confiance.

— Je n’en veux pas, articula Béchoux. S’il faut quelqu’un, on téléphonera à l’Agence Barnett, de la rue de Laborde. Et puis, on portera plainte. Mais ce serait du temps perdu. Pour le moment, il faut agir. »

Il essayait de se dominer, incité au calme par sa responsabilité de chef. Mais ses gestes nerveux et la crispation de sa bouche trahissaient un désarroi extrême.

« Du sang-froid, dit-il à Gassire. Somme toute, nous tenons le bon bout. Personne n’est sorti. Donc il faut mettre la main sur mes douze Africaines avant qu’on ne puisse les glisser dehors. C’est l’essentiel. »

Il interrogea les deux jeunes filles. L’une, dactylographe, copiait chez elle des circulaires et des rapports. L’autre donnait, chez elle aussi, des leçons de flûte. Toutes deux désiraient faire leurs provisions pour le déjeuner.

« Mille regrets ! répliqua Béchoux, inflexible. Mais ce matin, la porte de la rue restera close. Monsieur Gassire, deux de vos employés s’y tiendront en permanence. Le troisième fera les courses des locataires. Cet après-midi,