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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/151

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LE HASARD FAIT DES MIRACLES

— Te donne pas cette peine, Béchoux.

— Pourquoi ?

— Le chèque n’avait aucune valeur.

— Comment cela ?

— Oui. Prévoyant le refus de Mlle d’Alescar, j’avais glissé, dans l’enveloppe, avec l’acte de donation, un vieux chèque périmé.

— Mais le vrai ? gémit Béchoux, celui que M. Cazévon a signé ?

— Je viens de le toucher à la banque. »

Jim Barnett entrouvrit son veston et montra toute une liasse de billets.

La tasse de Béchoux lui tomba des mains.

Ils fumèrent assez longtemps, l’un en face de l’autre.

À la fin, Jim Barnett dit :

« En vérité, Béchoux, notre collaboration a été fructueuse jusqu’ici. Autant d’expéditions, autant de succès favorables à l’accroissement de mes petites économies. Je te le jure, je commence à être gêné vis-à-vis de toi, car enfin nous travaillons ensemble et c’est moi qui palpe. Voyons, Béchoux, qu’est-ce que tu dirais d’une place d’associé dans la maison ? Agence Barnett et Béchoux… Hein ? cela ne sonnerait pas mal ? »

Béchoux lui lança un regard de haine. Jamais il n’avait exécré un homme à ce point.

Il se leva, jeta un billet sur la table pour payer l’addition, puis mâchonna, en s’en allant :

« Il y a des moments où je me demande si cet individu-là n’est pas le diable lui-même.

— C’est ce que je me demande aussi parfois », dit Barnett en riant.