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L’AGENCE BARNETT ET Cie

Une dame en grand deuil descendit et frappa.

« Entrez », cria-t-on de l’intérieur.

Elle entra.

« Qui est là ? reprit une voix qu’elle reconnut, et qui parlait d’une arrière-boutique séparée de l’agence par un rideau.

— La baronne Assermann, dit-elle.

— Ah ! toutes mes excuses, baronne. Veuillez vous asseoir. J’accours. »

Valérie Assermann attendit, tout en examinant le bureau. Il était en quelque sorte tout nu : une table, deux vieux fauteuils, des murs vides, pas de dossiers, pas la moindre paperasse. Un appareil téléphonique constituait l’unique ornement et l’unique instrument de travail. Sur un cendrier, cependant, des bouts de cigarettes de grand luxe, et, par toute la pièce, une odeur fine et délicate.

La tenture du fond se souleva, et Jim Barnett jaillit, alerte et souriant. Même redingote râpée, nœud de cravate tout fait, et surtout mal fait. Monocle au bout d’un cordon noir.

Il se précipita sur une main dont il embrassa le gant.

« Comment allez-vous, baronne ? C’est pour moi un véritable plaisir… Mais qu’y a-t-il donc ? Vous êtes en deuil ? Rien de sérieux, j’espère ? Ah ! mon Dieu, suis-je étourdi ! Je me rappelle… Le baron Assermann, n’est-ce pas ? Quelle catastrophe ! Un homme si charmant, qui vous aimait tant ! Et alors, où en étions-nous ? »

Il tira de sa poche un menu carnet qu’il feuilleta.

« Baronne Assermann… Parfait… je me souviens… Perles fausses. Mari cambrioleur… Jolie femme… Très jolie femme… Elle doit me téléphoner…