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LA PARTIE DE BACCARA

un homme ivre. Ses genoux fléchirent. Il s’écroula sur sa chaise.

Alors Barnett bondit sur lui et le saisit au collet.

« Vous avouez, hein ? Pas possible autrement, d’ailleurs. J’ai toutes les preuves. Ainsi, le coup de poing américain… je puis établir que vous en portiez toujours un sur vous. En outre, votre perte au jeu vous démolissait. Oui, mon enquête m’a révélé que vous étiez très bas dans vos affaires. Plus d’argent pour vos échéances de fin de mois. C’était la ruine. Alors… alors vous avez frappé, et, ne sachant quoi faire de l’arme, vous avez enjambé le balcon, et vous l’avez enfouie sous la terre. »

Il était inutile que Barnett se donnât du mal : Maxime Tuillier n’opposait aucune résistance. Écrasé sous le poids d’un crime trop lourd pour lui, et dont il portait le fardeau depuis des semaines, il balbutia, malgré lui, sans plus de conscience qu’un moribond qui délire, les mots terribles de l’aveu.

La salle s’emplissait de tumulte. Le juge d’instruction, penché au-dessus du coupable, notait la confession involontaire. Le père de Paul Erstein voulait se jeter sur l’assassin. L’ingénieur Fougeraie criait sa rage. Mais les plus acharnés peut-être étaient les amis de Maxime Tuillier. L’un d’eux surtout, le plus âgé et le plus notable, Alfred Auvard, le couvrait d’invectives.

« Tu n’es qu’un misérable ! Tu nous as fait croire que ce malheureux nous avait rendu l’argent, et cet argent, tu l’avais volé après avoir tué. »

Il lança la liasse de billets à la tête de Maxime Tuillier. Les deux autres, indignés eux aussi, piétinèrent un argent dont ils avaient horreur.