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LA PARTIE DE BACCARA

Paul Erstein s’étant levé, Maxime, qui semblait tout à fait maître de lui, le suivit dans la rotonde pour fumer une cigarette, tandis que tous les trois nous restions à causer. Quand il revint, sept ou huit minutes après peut-être, il nous dit que Paul Erstein n’avait jamais envisagé cette partie comme sérieuse, que c’était un simulacre de partie, engagée dans les fumées du champagne, et qu’il tenait à nous rendre l’argent, mais à la condition qu’on ne le sût point. La fin de la partie serait considérée, au cas où on en parlerait, comme l’exacte compensation des pertes subies.

— Et vous avez accepté une pareille offre ! un cadeau que rien ne motivait ! s’écria Barnett. Et, l’acceptant, vous n’avez pas été remercier Paul Erstein ! Et vous avez trouvé naturel que Paul Erstein, qui était un joueur endurci, habitué aux gains comme aux pertes, ne profitât point de sa veine ! Que d’invraisemblances !

— Il était quatre heures du matin. Nous avions le cerveau surchauffé. Maxime Tuillier ne nous laissa pas le temps de réfléchir. Pourquoi, d’ailleurs, ne l’aurions-nous pas cru, puisque nous ignorions qu’il avait tué et volé ?

— Mais, le lendemain, vous saviez que Paul Erstein avait été tué.

— Oui, mais tué sans doute après notre départ, ce qui ne changeait rien au désir exprimé par lui.

— Et pas un instant vous n’avez soupçonné Maxime Tuillier ?

— De quel droit ? C’est un des nôtres. Son père était mon ami, et je le connais depuis son enfance. Non, nous n’avons rien soupçonné.

— En êtes-vous bien sûr ? »