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Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/88

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L’AGENCE BARNETT ET Cie

— Dans le cimetière. C’était bien le même. Mais la nuit, ça ne pouvait pas être le même, puisque les dents d’or sont à gauche, et que celles-là sont à droite.

— Il les avait peut-être changées de côté, observa Barnett qui riait de plus belle. Béchoux, amène-nous donc le personnage. »

Deux minutes plus tard, entrait, lamentable, courbé, figure mélancolique à moustache tombante, le sieur Vernisson. Il était accompagné du baron de Gravières, hobereau solide, carré d’épaules, et qui portait un revolver au poing. Et tout de suite M. Vernisson, qui semblait abasourdi, se mit à geindre :

« Je n’y comprends rien à votre affaire… Des objets précieux, une serrure brisée ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Avouez donc, ordonna Béchoux, au lieu de bafouiller !

— J’avoue tout ce qu’on veut pourvu qu’on n’avertisse pas ma femme. Ça non. Je dois la rejoindre chez nous, près d’Arras, la semaine prochaine. Il faut que j’y sois et qu’elle ne sache rien. »

L’émotion, la peur lui ouvraient la bouche de travers, en une fente où l’on voyait les deux dents de métal. Jim Barnett s’approcha, mit deux doigts dans cette fente et conclut gravement :

« Elles ne bougent pas. Ce sont bien des dents de droite. Et M. le curé a vu des dents de gauche. »

L’inspecteur Béchoux était furieux.

« Ça ne change rien… Nous tenons le voleur. Voilà des années qu’il vient dans le village pour combiner son coup. C’est lui ! M. le curé aura mal vu. »

L’abbé Dessole tendit les bras avec solennité :