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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/109

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L’AIGUILLE CREUSE
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truction ! Est-ce beau ? est-ce énorme ? gigantesque ? la chapelle enlevée ! Toute une chapelle gothique recueillie pierre par pierre ! Tout un peuple de statuettes, captivé ! et remplacé par des bonshommes en stuc ! un des plus magnifiques spécimens d’une époque d’art incomparable, confisqué ! la Chapelle-Dieu, enfin, volée ! N’est-ce pas formidable ! Ah ! Monsieur le juge d’instruction, quel génie que cet homme !

— Vous vous emballez, monsieur Beautrelet.

— On ne s’emballe jamais trop, Monsieur, quand il s’agit de pareils individus. Tout ce qui dépasse la moyenne vaut qu’on l’admire. Et celui-là plane au-dessus de tout. Il y a dans ce vol une richesse de conception, une force, une puissance, une adresse et une désinvolture qui me donnent le frisson.

— Dommage qu’il soit mort, ricana M. Filleul… sans quoi il eût fini par voler les tours de Notre-Dame.

Isidore haussa les épaules.

— Ne riez pas, Monsieur, même mort, celui-là vous bouleverse.

— Je ne dis pas… je ne dis pas, Monsieur Beautrelet, et j’avoue que ce n’est pas sans une certaine émotion que je m’apprête à le