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L’AIGUILLE CREUSE
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jeté en avant, avec une violence inouïe, et il eut l’impression qu’un hasard seul, un miraculeux hasard, lui faisait éviter un tas de cailloux, où logiquement sa tête aurait dû se briser.

Il resta quelques secondes étourdi. Puis, tout contusionné, les genoux écorchés, il examina les lieux. Un petit bois s’étendait à droite, par où, sans aucun doute, l’agresseur s’était enfui. Beautrelet détacha la corde. À l’arbre de gauche autour duquel elle était attachée, un petit papier était fixé par une ficelle. Il le déplia et lut :

« Troisième et dernier avertissement. »


Il rentra au château, posa quelques questions aux domestiques, et rejoignit le juge d’instruction dans une pièce du rez-de-chaussée, tout au bout de l’aile droite, où M. Filleul avait l’habitude de se tenir au cours de ses opérations. M. Filleul écrivait, son greffier assis en face de lui. Sur un signe, le greffier sortit, et le juge s’écria :

— Mais qu’avez-vous donc, monsieur Beautrelet ? Vos mains sont en sang.

— Ce n’est rien, ce n’est rien, dit le jeune homme… une simple chute provoquée par cette corde qu’on a tendue devant ma bicyclette. Je