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L’AIGUILLE CREUSE

bonne foi méritoire, son rôle de subalterne, avait confié aux interviewers les exploits de son jeune conseiller pendant les trois jours mémorables, de sorte que l’on pouvait se livrer aux suppositions les plus téméraires.

On ne s’en privait pas. Spécialistes et techniciens du crime, romanciers et dramaturges, magistrats et anciens chefs de la Sûreté, MM. Lecocq retraités et Herlock Sholmès en herbe, chacun avait sa théorie et la délayait en copieux articles. Chacun reprenait et complétait l’instruction.

Et tout cela sur la parole d’un enfant, d’Isidore Beautrelet, élève de rhétorique au lycée Janson de Sailly.

Car vraiment, il fallait bien le dire, on possédait les éléments complets de la vérité. Le mystère… en quoi consistait-il ? On connaissait la cachette où Arsène Lupin s’était réfugié et où il avait agonisé, et, là-dessus, aucun doute : le docteur Delattre, qui se retranchait toujours derrière le secret professionnel, et qui se refusa à toute déposition, avoua cependant à ses intimes — dont le premier soin fut de parler — que c’était bien dans une crypte qu’il avait été amené, près d’un blessé que ses complices lui présentèrent sous le nom d’Arsène Lupin. Et comme, dans cette même crypte, on avait