Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’AIGUILLE CREUSE
137

de ma mort, qu’il n’y a pas là-dessus le moindre doute. Tu le diras parce que je le veux, parce qu’il faut qu’on croie que je suis mort. Tu le diras surtout parce que si tu ne le dis pas…

— Parce que si je ne le dis pas ?

— Ton père sera enlevé cette nuit, comme Ganimard et Herlock Sholmès l’ont été.

Beautrelet sourit.

— Ne ris pas… réponds.

— Je réponds qu’il m’est fort désagréable de vous contrarier, mais j’ai promis de parler, je parlerai.

— Parle dans le sens que je t’indique.

— Je parlerai dans le sens de la vérité, s’écria Beautrelet ardemment. C’est une chose que vous ne pouvez pas comprendre, vous, le plaisir, le besoin plutôt, de dire ce qui est et de le dire à haute voix. La vérité est là, dans ce cerveau qui l’a devinée et découverte, elle en sortira toute nue et toute frémissante. L’article passera donc tel que je l’ai écrit. On saura que Lupin est vivant, on saura la raison pour laquelle il voulait qu’on le crût mort. On saura tout…

Et il ajouta tranquillement :

— Et mon père ne sera pas enlevé.

Ils se turent encore une fois tous les deux,