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Page:Leblanc - L’Aiguille creuse, 1912.djvu/195

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L’AIGUILLE CREUSE
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que le père Charel et repartait en même temps, sans prendre d’ailleurs beaucoup de soin pour n’être pas vu.

— On le surveille, pensa Beautrelet, peut-être veut-on savoir s’il s’arrête devant les murs…

Son cœur battit. L’événement approchait.

Tous trois, les uns derrière les autres, ils montaient et descendaient les pentes raides du pays, et ils arrivèrent à Crozant. Là, le père Charel fit une halte d’une heure. Puis il descendit vers la rivière et traversa le pont.

Mais il se passa alors un fait qui surprit Beautrelet. L’individu ne franchit pas la rivière. Il regarda le bonhomme s’éloigner et quand il l’eut perdu de vue il s’engagea dans un sentier qui le conduisit en pleins champs.

Que faire ? Beautrelet hésita quelques secondes, puis, brusquement, se décida. Il se mit à la poursuite de l’individu.

— Il aura constaté, pensa-t-il, que le père Charel a passé tout droit. Il est tranquille, et il s’en va. Où ? Au château ?

Il touchait au but. Il le sentait à une sorte d’allégresse douloureuse qui le soulevait.

L’homme pénétra dans un bois obscur qui dominait la rivière, puis apparut de nouveau en pleine clarté, à l’horizon du sentier.