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L’AIGUILLE CREUSE

Tout ce que tu as vu jusque-là est à vendre. Des objets s’en vont, d’autres arrivent. C’est le métier. Ici, dans ce sanctuaire, tout est sacré. Rien que du choix, de l’essentiel, le meilleur du meilleur, de l’inappréciable. Regarde ces bijoux, Beautrelet, amulettes chaldéennes, colliers égyptiens, bracelets celtiques, chaînes arabes… Regarde ces statuettes, Beautrelet, cette Vénus grecque, cet Apollon de Corinthe… Regarde ces Tanagras, Beautrelet ! Tous les vrais Tanagras sont ici. Hors de cette vitrine, il n’y en a pas un seul au monde qui soit authentique. Quelle jouissance de se dire cela ! Beautrelet, tu te rappelles les pilleurs d’églises dans le Midi, la bande Thomas et compagnie, — des agents à moi, soit dit en passant, — eh bien ! voici la châsse d’Ambazac, la véritable, Beautrelet ! Tu te rappelles le scandale du Louvre, la tiare reconnue fausse, imaginée, fabriquée par un artiste moderne… Voici la tiare de Saïtapharnès, la véritable, Beautrelet ! Regarde, regarde bien, Beautrelet ! Voici la merveille des merveilles, l’œuvre suprême, la pensée d’un dieu, voici la Joconde de Vinci, la véritable. À genoux, Beautrelet, toute la femme est devant toi !

Un long silence entre eux. En bas, les coups se rapprochaient. Deux ou trois portes, pas da-