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L’AIGUILLE CREUSE

Ce fut un coup de théâtre. Isidore Beautrelet parut interloqué.

— Moi, Mademoiselle ! moi ! vous m’avez vu hier ?

Raymonde resta pensive, les yeux toujours attachés à Beautrelet, comme si elle cherchait à bien établir en elle sa conviction, et elle prononça d’un ton posé :

— J’ai rencontré dans le chemin creux, à quatre heures de l’après-midi, alors que je traversais le bois, un jeune homme de la taille de monsieur, habillé comme lui, et qui portait la barbe taillée comme la sienne… et j’eus l’impression qu’il cherchait à se dissimuler.

— Et c’était moi ?

— Il me serait impossible de l’affirmer d’une façon absolue, car mon souvenir est un peu vague. Cependant… cependant il me semble bien… sinon la ressemblance serait étrange…

M. Filleul était perplexe. Déjà dupé par l’un des complices, allait-il se laisser jouer par ce soi-disant collégien ? Certes, l’abord du jeune homme plaidait en sa faveur, mais sait-on jamais ?…

— Qu’avez-vous à répondre, Monsieur ?

— Que Mademoiselle se trompe et qu’il me