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l’image de la femme nue

Stéphane ne sembla nullement impressionné par la gravité soudaine de son vieil ami. Il dit gaiement :

— Si vous saviez combien les femmes tiennent peu de place dans ma vie ! Elles me passionnent, mais d’une passion qui s’évapore en quelques heures. Toutes celles que j’ai connues ont gardé de moi un gentil souvenir, celui d’un garçon amusant, qui rit volontiers et qui considère l’amour comme le plus délicieux des plaisirs. Vous voyez, je n’ai rien à craindre d’elles. Et puis, quoi, ce n’est même pas une femme après qui je cours, mais une statue. Si je finis par l’aimer, cette statue, doit-on s’en tourmenter ? Elle est en marbre, mon cher docteur.

Il montrait un visage paisible. Ses yeux avaient une candeur insouciante et de la sérénité. Ce fut le docteur qui s’attendrit.

— Allons, tu as raison. Ton père était un tragique, qui ne respirait et ne vivait que dans le tragique, et tu n’adores pas les mêmes dieux que lui. Les tiens sont pacifiques et souriants. « Aime Dieu et va ton chemin », comme j’ai lu quelque part, sur un modeste calvaire.